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Comment j'ai mis Dom Juan en pièces

10 juillet 2009

Nous nous sommes donc hier lancés dans le jeu.

Nous nous sommes donc hier lancés dans le jeu. J'ai reculé cette phase, me convainquant que le texte n'était pas prêt, que le décor n'était pas prêt, que les acteurs n'étaient pas prêts, que le metteur en scène n'était pas prêt... Je devais avoir un peu peur de commencer cette partie du travail qui est en vérité la plus importante. Et contre toute attente, il se trouve qu'elle s'est aussi révélée être pour moi la plus agréable.En m'inspirant avant tout de la méthode de ce metteur en scène burlesque qui m'avait fait travailler en stage, l'année dernière j'ai trouvé assez naturellement une manière d'être à la fois dans la salle en regard extérieur et présent sur scène avec les acteurs (ce qui était pour moi primordial). Très concrètement, cela se traduisait par les grands bonds que je faisais pour passer de la salle à la scène et de la scène à la salle. (Je suis vraiment heureux que, pendant les vacances, nous ayons la chance de travailler le soir dans ce théâtre vide, qui est à mes yeux la plus belle salle de répétition du monde...)
Du coup, je perçois assez bien comment va s'articuler notre travail. Pour le moment, on trouve des idées pour chaque scène. Les acteurs proposent, avec force ou timidité, et moi, mon travail, c'est de saisir au vol ces minuscules états de propositions et de les pousser à l'extrême jusqu'à les tirer complètement de l'ombre. A ce niveau, peu importe la cohérence. nous jetons toutes nos forces dans la bataille et nous nous soucierons plus tard d'élaguer, de sculpter, d'affiner : c'est le chaos qui est à l'origine de toute création. Dans un second temps, nous pourrons nettoyer le jeu. Là, le travail sous masque se révélera très utile. Mais d'ores et déjà, les improvisations où j'essaie d'amener les comédiens à prendre l'espace (je leur ai dit : "Dévorez l'espace !") se montrent bien utiles. Déjà les silhouettes des personnages se dessinent :
- une Elvire folle. Dans le texte, elle a tourné le dos au désir pour entrer au couvent, en sort par amour pour Dom Juan, et juste au moment où elle en sort, elle constate qu'il la trompe. Je pense que, même si elle était bien avant, rien que cela devrait suffire à la rendre folle...
- une Shirley dominatrice, très masculine. Et là, je ne m'attendait pas du tout à ce que l'autre actrice me fasse une telle proposition lorsque je lui ai demandé de jouer Elvire... A voir...
En revenant en métro, j'ai bien entendu l'inquiétude d'Elvire concernant le texte. Je vais donc en remettre une couche de ce côté-là.
Enfin, quant à ce que je joue ou pas dans la pièce, je songe à ce que dit Marthaler :
- Je pose ma mise en scène dans le décor d'Anna Viebrock.
Peut-être nous allons essayer de travailler tous ensemble, moi dirigeant, puis je me poserai dans le Dom Juan que nous auront tous créé. Cela peut marcher si, comme hier, je dirige vraiment en fusion avec les acteurs... A voir...
Ce qui est motivant, ce sont les échéances. J'aimerais que, dès mardi prochain, nous puissions faire une séance de répétition ouverte pour présenter déjà le fruit d'une semaine de travail. C'est essentiel.

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9 juillet 2009

Je songe au roman que j'ai écrit il y a un an. A

Je songe au roman que j'ai écrit il y a un an. A ce qu'a été cette tentative d'écrire. Et je la compare à l'expérience collective qu'est le théâtre. A tout prendre, mettre en scène une pièce, c'est un peu écrire un roman. Sauf que l'on s'astreint à écrire à heure fixe parce qu'on a fixé rendez-vous aux personnages., avec lesquels on parle, on discute, on dispute, on bataille pour rester avec eux, pour créer quelque chose tous ensemble. Aujourd'hui, les personnages du roman que j'écris arrivent en retard, annulent des répétitions pour aller acheter des ordinateurs, visiter des appartements, partir en vacances, et leurs grands yeux me demandent en silence si au bout de toutes ces semaines de répétition, il y aura autre chose que le néant...
Mais si j'ai délaissé un temps mes anciens personnages, c'est sans doute que je voulais vivre avec ceux-ci.

8 juillet 2009

Il va falloir trouver l'écriture juste. Celle qui

Il va falloir trouver l'écriture juste. Celle qui peut accompagner la création. Aujourd'hui, répétition déplacée de 21h à 23h pour cause de visite d'appartements de Charlotte : massage mais pas d'acrobatie pour laisser reposer les muscles. Improvisation sur le réveil du masque. Elvire - qui n'était pas partie acheter son ordinateur - m'a demandé quand est-ce qu'on en venait au texte. Je lui ai dit que c'était important pour moi de commencer par ces exercices. Je leur ai aussi demandé si ça les ennuyait. Ils m'ont dit non, bien sûr. Suite à cette séance, je crois que j'ai perçu quel chemin nous pourrions suivre pour passer des exercices préparatoires, des impros sous masque, à la pièce en elle-même. Au départ, je sentais instinctivement que je devais commencer par là, mais je ne savais pas encore comment raccrocher les deux. Il ne faut pas oublier que c'est ma première vraie mise en scène. Hier, j'ai senti que ce qui pourrait faire le lien, ce serait les retours que je leur fais pendant les exercices, qui seront les mêmes que pendant le travail des scènes. Les exercices sous masque, ça servira donc à leur faire effleurer, comprendre et intégrer le théâtre que je veux faire. C'est un espace de liberté où l'on se laissera toute lattitude pour improviser. On doit aussi veiller pendant ces séances à la concentration des spectateurs, qui doit aider les acteurs en improvisation. Il faut toujours être ensemble.
Enfin, il y a aussi cette pression des dates à trouver. Je crois que dans un premier temps, les répétitions doivent aussi être un sanctuaire durant lesquelles on s'autorise à ne pas être stressé. A se concentrer uniquement sur le théâtre. Le résultat ne doit pas m'angoisser non plus. De toute façon, j'évite de me focaliser sur un résultat que j'aurais en tête. Je laisse aux acteurs la chance de s'exprimer pour avoir un résultat intéressant mais peut-être différent de celui que j'avais prévu.
Ce serait bien, quand on sera un peu plus avancés, d'inviter Claire aux répétitions pour qu'elle fasse quelques croquis.

7 juillet 2009

Lecture du texte. Elvire a dit :- Je n'ai rien

Lecture du texte. Elvire a dit :
- Je n'ai rien compris.
J'ai répondu :
- C'est bien comme ça.
Après massage, échauffement, acrobatie (équilibre + roue) et découverte du masque.
Vais-je vraiment tenir quotidiennement un journal des répétitions ? Je ne suis pas sûr d'avoir envie de tout déballer comme ça... L'écriture aide-t-elle la création théâtrale, ou contribue-t-elle à figer ce qui est par nature éphémère, évanescent, perpétuel work in progress ?

6 juillet 2009

Premier jour de répétition. Avant, on rencontre

Premier jour de répétition. Avant, on rencontre les acteurs un par un, on fait des réunions pendant des semaines pour se dire que, cette fois-ci, c'est la bonne, qu'on va se professionnaliser, qu'on ira jusqu'au bout, que le théâtre implique un engagement vis-à-vis de nous même mais aussi vis-à-vis des autres, parce qu'on donne tous du temps pris sur notre travail, sur notre vie sociale, sur nos vies de couples, sur nos vies, quoi... Et ce matin, un message d'Elvire sur mon portable :
- Désolée, je ne serai pas là ce soir, je dois à tout prix aller acheter mon ordinateur...
J'ai senti un gouffre s'ouvrir en moi. Je l'ai rappelée pour lui dire :
- OK, c'est pas grave.
Après, mon psy m'a expliqué la différence chez les Romains entre l'autoritas (que l'on conquiert par la parole) et la potentas (que l'on impose par la violence).
En sortant, j'ai rappelé Elvire. Je lui ai dit :
- Bien sûr, ça m'ennuie, je perds trois heures de répétitions. Mais surtout, tu penses aux autres ? Tu fais venir trois acteurs pour rien...
Elle s'est excusée platement, et s'excusait encore ce soir, quand je l'ai croisée, sortant du théâtre à l'heure où nous aurions dû commencer à répéter. Au lieu de répéter, j'ai parlé avec les deux autres acteurs. J'ai assis un peu mon autoritas.
Il y a aussi autre chose : je pensais qu'il me manquait un acteur. Je me suis donc décidé à appeler Cyrano, dont j'avais beaucoup apprécié le jeu quand je l'avais vu en scène. Pour m'entendre dire que ça ne l'intéressait pas trop parce qu'il était déjà sur un autre projet similaire et qu'en plus il cherchait plutôt des projets pour lesquels les répétitions étaient rémunérées mais que c'est dommage parce qu'il aurait tellement aimé participer à mon projet, qu'il me souhaitait prompte réussite et qu'il espérait que je viendrais le voir dans la pièce où il jouait à partir du lendemain. Je crois que je vais devoir jouer dans la pièce que je mets en scène : glups ! Je suivrai ainsi les conseils de mon psy qui, quand je lui ai dit que je m'étais réservé dans ma pièce le petit rôle du barman, m'a répondu :
- Quand vous dites barman, j'entends barre-man, l'homme qui se barre. Jouer un petit rôle est-il pour vous une manière de fuir ?
(Est-ce que tous les psy souffrent de problèmes d'audition ?) Il faut que je fasse quelque recherches ce soir pour vérifier si Molière et Ariane Mnouchkine jouaient dans les spectacles qu'ils dirigeaient. S'ils l'ont fait, c'est que c'est possible, non ? Certains croiront à cette remarque que je suis orgueilleux, les autres que je voudrais l'être... Claire m'a demandé ce que j'allais faire faire aux acteurs comme premier exercice. Un exercice de l'école russe, où les acteurs déambulent les yeux fermés, se rencontrent, se touchent jusqu'à se reconnaître. Tout le théâtre est là : reconnaître le corps de l'autre, donc l'accepter, accepter son corps... Mais Claire a dit :
- Ah oui, le genre de jeu qu'on fait dans les mariages un peu beauf, quoi !

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Comment j'ai mis Dom Juan en pièces
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